Bonne question. C'est vrai quoi, notre entreprise n'est pas née d'hier (on fête nos 20 ans cette année) et je peux vous garantir que le carnet de commandes est plein à craquer. On ne cherche pas comment ni à qui vendre nos produits, on finance les travaux d'aménagement de l'atelier pour répondre efficacement à une demande qui grandit sans cesse. Comme celle-ci pour le château de Versailles.
Croyez-vous que les banques nous financeraient ? Non non. À chaque fois qu'on discute avec un banquier les réponses sont les mêmes. Ils sont toujours très emballés par ce qu'on fait, l'évolution de l'atelier, la bonne progression de l'entreprise, tout ça c'est super. Le problème c'est que derrière il n'y a plus aucun humain pour prendre une décision. L'analyse de risque c'est l'algorithme qui s'en charge et là ça devient tout de suite moins drôle pour nous. C'est non, systématiquement, parce qu'on a déjà des emprunts en cours, parce qu'on est trop petits, parce que travaillant ensemble dans notre entreprise on met tous nos œufs dans le même panier, parce qu'on ne peut amener aucune garantie à part un carnet de commandes blindé et une détermination que t'as même pas idée... Mais ça la détermination ça parle à un humain, pas à un logiciel d'analyse de risque.
Alors on fait comme d'habitude, on trouve d'autres moyens et on avance.
La deuxième raison qui nous amène à ce financement participatif c'est justement le côté humain. Faire une collecte c'est une aventure incroyable. C'est à la fois très prenant et très fatiguant car pour que ça fonctionne il faut communiquer sans cesse tout en essayant de ne pas emmerder le monde (l'exercice est intéressant...). Et puis il y a le stress du temps qui passe et de la cagnotte qui monte parfois vite, parfois lentement, parfois pas du tout pendant plusieurs jours. Mais c'est surtout énormément de retours positifs, d'encouragements venus de partout, parfois même d'où on ne les attendait pas, et de témoignages de soutien souvent très touchants. On ressort de ça gonflés à bloc, prêts à bouffer une à une toutes les nouvelles journées qui se présentent, et une petite envie d'aller danser en slip devant la Caisse d'Épargne du coin avec le logo KissKiss sur la fesse droite.