Option 1 : faire appel à une entreprise spécialisée. Le plus simple, le plus sûr, les mecs déboulent avec des engins de levage, du matériel adapté, ils déposent transportent et reposent les machines en une journée, merci bonsoir. J'ai juste un peu l'impression que ça va me coûter six mois de chiffre d'affaire cette histoire. Allez ça ne coûte rien de se renseigner, je me retrouve donc quelques jours plus tard avec un type qui vient sur place mesurer les machines à la louche, prendre quelques photos, qui passe son temps à dire "pas de problème" et qui doit suite à ça m'établir un devis. Seulement voilà, de devis jamais ne vîmes, même après moult rappels téléphoniques, envois de mails et je ne sais quelles autres relances.
Bon, option 2 : les copains. Après quelques annonces sur les réseaux sociaux et deux ou trois coups de fils on se retrouve dans la situation suivante : un copain artisan avait acheté un porte-engin pour faire son déménagement à lui (des grosses machines aussi). Il propose de me le prêter. C'est super, à ce détail près que pour une remorque de cette taille il faut un permis que je n'ai pas. C'est embêtant mais ça peut s'arranger. Gustave, un autre copain, charpentier itinérant celui-ci, vient sur place voir les machines. Il est ok pour filer un coup de main, il dispose d'une remorque 3,5T et du permis qui va avec, et il n'est pas du genre à être effrayé par le levage et la manutention de charges lourdes. Et puis il y a Stéphane qui se propose aussi. Stéphane c'est un pote rencontré sur une fête médiévale en 2010, je bâtissais des tonneaux, il battait des armures accompagné d'un jeune marionnettiste aux yeux de velours, nos regards se sont croisés (musique de Dirty Dancing...) et ça a été une catastrophe. À chaque fois qu'on se voit on devient cons comme des marteaux et le rire se transforme vite en crampes abdominales convulsives et impossibles à maîtriser. Nous partageons un humour que je décrirais comme un savoureux mélange d'absurdités à la Edika, de romans photos à l'eau de rose (pléonasme ?), de tragédies grecques et de didascalies. Autant dire que pour l'entourage ça peut vite devenir pénible.
On a l'équipe, reste à trouver comment transporter ces machines une fois sorties de l'atelier. Oui parce que réflexion faite, le coup des remorques c'est très bien mais à raison d'une machine par trajet, 12 machines au total, 500 bornes aller/retour, je vous épargne le calcul du temps passé et du carburant crâmé.
Ce qui nous amène directement à l'option 3 qui consiste à sortir les machines avec les copains, prendre un transporteur pour les amener toutes d'un coup chez nous, et faire appel une fois de plus à l'article 22 (chacun se démerde comme il peut) pour les rentrer dans mon atelier. Allez c'est vendu ! Reste juste à trouver le transporteur. C'est ici qu'Aude entre en scène, elle va passer des heures à traquer la perle rare, et bien sûr elle va la trouver. Il s'agit d'une boîte qui fait habituellement du transport BTP en région parisienne, en gros ça consiste à livrer des palettes de parpaings par camions entiers sur des gros chantiers de construction. Ils ont deux jours de libres en juin, un pour enlever, un pour livrer. Voilà la contrainte de dates posée. Stéphane est dispo vu que de toute façon il a prévu de poser deux jours de congé pour venir filer un coup de main (merci mec) et Gustave peut venir uniquement le deuxième jour. Une journée à deux et une journée à trois pour sortir environ 15 tonnes de fonte et les amener au plus près du portail pour que le transporteur puisse les choper. C'est chaud mais ça peut passer. Ça doit passer en fait, donc ça passera.