La pratique des bains selon l'École de Salerne
Published :
09/06/2020 22:40:26
Categories :
Littérature
L'école de médecine de Salerne a été très connue pendant près de douze siècles ! On ne sait pas vraiment quand elle s'est créée, on ne sait pas trop par qui, mais il existe encore nombreux traités de médecine (le Schola Salernitana en fait partie) qui donnent une idée précise des enseignements pratiqués là-bas. Par exemple, voici un extrait d'un manuscrit semblant dater de l'an 1100 nommé "Sur la manière dont le médecin doit se comporter auprès des malades" : "Au patient, promettez la guérison ; à ceux qui l'assistent, affirmez qu'il est fort malade ; s'il guérit, votre réputation s'en accroît ; s'il succombe, on ne manquera pas de dire que vous avez prévu sa mort."
Usage des bains
Un autre livre très connu, le Schola Salernitana (ou Flos medicinae ou Regimen sanitatis) [1] est constitué d'un ensemble de poèmes en latin. Il en existe plusieurs traductions, je ne les ai pas toutes étudiées mais j'aime vraiment beaucoup celle de Charles-Isaac Meaux Saint-Marc. Mon passage préféré se trouve page 69, celui qui donne les conditions d'une vie agréable, par contre là ce n'est plus le sujet !
Voici le passage dédié à l'usage des bains. Si vous voulez appliquer chez vous les enseignements de l'École de médecine de Salerne, voici en bonus l'illustration du repos amoureux que l'on trouve dans Faits et dits mémorables de Valère Maxime [2]. Ce genre de pratique, sans trop m'avancer ici ça ressemble quand même à des bains publics, se retrouve aussi lors des bains privés, où il était courant de recevoir ses invités dans de grandes baignoires en bois et de prendre le bain ensemble (XIVème - XVème siècle). Ce sera le sujet d'un prochain article.
Les bains et l'hygiène
L'enseignement donné dans ce livre est très précis et les bains ne dérogent pas à la rêgle. Pour adapter votre pratique à la saison selon la mode de l'École de médecine de Salerne, il faut déjà aller page 59. Ensuite chaque mois est décrit.
Ci dessous un exemple de bain de mai trouvé dans le Grand manuscrit de Heidelberg (Codex Manesse), Zurich, environ 1300 à environ 1340 (Heidelberg, Bibliothèque de l'Université, Cod. Pal. 848).
Les bains et la médecine
Les bains sont en cause dans la faiblesse des oreilles ou des yeux, il convient donc de ne pas se baigner pour protéger ces organes sensibles. À l'inverse, voici deux exemples de prescriptions des bains comme traitement de maladies :
Page 254 pour soigner les "flux de ventre" :
Ou encore les calculs page 256 :
Interdiction des bains
Revenons à notre page 59 : il ne faut pas prendre de bains en été (juillet et août page 65), et page 67 pour novembre il est écrit :
"Observe de Novembre un précepte formel :
Mange miel et gingembre, et bois doux hydromel.
De l'amour et des bains néglige la pratique
Qui rend l'époux débile et la femme hydropique."
On trouve aussi page 75 une liste de toutes les contre-indications :
"Une fraîche blessure, une fièvre, un ulcère ;
Douleur de tête ou d'Yeux, l'estomac irrité
Ou vide d'aliments, l'air pesant de l'été
Te prescriront de bains un entier sacrifice."
Pour finir allons à la page 212, qui nous informe de la conduite à tenir en temps de peste :
"Évite et fuis l'amour, les malades, les bains".
-- Aude ROSSOLINI --
[1] Les numérisations de ce poème ne sont pas libre de droits. C'est pourquoi je vous propose cette oeuvre en prévisualisation directe sur Gallica (c'est le même principe que les vidéos, mais avec un bouquin). C'est un essai mais comme il y a déjà eu des problèmes d'affichage dûs à la trop forte fréquentation de leur site, si vous rencontrez ce problème à la lecture de cet article contactez-moi.
Vous pouvez aussi accéder à Gallica en cliquant sur ce lien :
➜ L'École de Salerne / traduction en vers français par Ch. Meaux Saint-Marc, avec le texte latin, précédée d'une introduction par le Docteur Ch. Daremberg, et suivie de commentaires avec figures, Paris, 1880 (Paris, Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TC10-59 (A)).
[2] Je n'ai, pour le moment, pas trouvé le lien vers la numérisation originale de cette version du Valère Maxime où il y a cette illustration. L'image est libre de droits et a été téléchargée sur cette page. Ci dessous trois autres illustrations :
➜ « Valerius Maximus, translaté du latin en francois par maistre Simon de Hesdin, docteur en theologie, de l'ordre de S'-Jehan de Jherusalem », et par « Nicolas de Gonnesse, maistre en ars et en theologie ». Livres V-IX, Paris, entre 1401 et 1500, (Paris, Bibliothèque nationale de France. Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-5195 réserve, fol. 168).
➜ Valère Maxime, Dits et faits mémorables, traduction française de Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse, Paris, entre 1450 et 1475, (Paris, Bibliothèque nationale de France. Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-5196 réserve, fol. 372).
➜ Le livre de ualerius maximus translaté de latin en francois [trad. et comm. Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse], Paris, 1477, (Paris, Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-Z-201, fol 159).
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