Au cours de la fabrication d'un tonneau, l'étape du cintrage est un passage particulièrement intense. Différentes techniques peuvent être utilisées : le cintrage à l'eau en immergeant complètement le fût dans un bain d'eau très chaude, le cintrage à la vapeur, souvent utilisé pour les très gros contenants, et enfin le cintrage au feu.
Ce dernier nécessite un peu plus d'attention et il est plus difficile à maîtriser. Le tout est d'essayer d'obtenir une répartition de la chaleur la plus homogène possible sur tout le bois (ce qui est beaucoup plus simple à contrôler avec un cintrage en immersion par exemple). D'autre part, le bois étant un excellent isolant thermique, la chaleur va progresser difficilement à travers toute son épaisseur. Le risque est que la surface interne du tonneau, directement exposée à la flamme, finisse par prendre feu avant que la chaleur ait eu le temps de traverser. Pour remédier à ça il convient donc d'arroser régulièrement cette surface afin de réguler sa montée en température et de laisser ainsi le temps à tout le bois de chauffer. On mouille également l'extérieur, à l'endroit du bouge (la partie ventrue du tonneau) afin d'assouplir les fibres du bois et de faciliter le cintrage en évitant la casse.
Tout est une question de rythme, il faut écouter et ressentir le bois afin de faire les choses au bon moment et de réussir un beau cintrage.
Une fois le fût cintré il est remis au feu pour la deuxième chauffe qui va permettre de fixer cette forme en éliminant les tensions accumulées dans le bois pendant le cintrage. Cette deuxième chauffe va également permettre de former de nouveaux composés aromatiques qui vont par la suite se libérer dans l'alcool logé dans le tonneau, participant ainsi à sa maturation et à sa bonification.